dimanche 6 novembre 2022

Watt

Nous allons dans cette partie nous intéresser à l'évaluation des consommations d'énergie des équipements industriels, proposer quelques bonnes pratiques pour s'attaquer à la sobriété énergétique, et aborder quelques "tips" sur les prix.
Comme d'habitude, cet article s'adresse aux professionnels...

Définition

Le watt tire son nom de James Watt (1736-1819), inventaire écossais notamment d'une source d'énergie fiable et économique retenu sous le concept de machine à vapeur. Cette découverte est à l'origine de la révolution industrielle, dont la berceau fut l'Angleterre, véritable tremplin vers l'âge moderne auquel nous pouvons encore nous reconnaitre. Né alors l'unité de mesure, permettant de se comparer au déplacement à cheval, le plus usité à cette époque : le cheval-vapeur. Cette unité est toujours utilisée aujourd'hui pour mesurer la puissance des moteurs de véhicules.

Du Joul au kw/h


Le watt est égal à 1 joule (J) par seconde. 
Quant au Joule, du nom du chercheur James Prescott Joule (1818-1889), il "exprime le travail exercé par la force d’un Newton dont le point d’application se déplace d’un mètre dans la direction de la force".

A noter, et c'est l'élément le plus important à retenir dans ce paragraphe, que le Joule est la référence d'énergie mondiale en faisant partie du Système international d'unités. Il offre ainsi l'opportunité de mesure l'ensemble des sources d'énergie (électricité, gaz, charbon...)  sous la même unité de mesure.

Pour plus de détails sur le sujet, dont la célèbre loi Joule (étant arrivé au taquet de mes capacités techniques), cf. lien suivant.
  
Pour mesure quoi?

Avant d'aborder, comme il se doit dans mes blogs, les enjeux financiers, voici un panorama des différentes sources d'énergie.

graphique consommation énergie

Nous n'allons voir ici que la partie électricité et gaz (qui peut être fabriquée à partir de pétrole d'ailleurs, cf. suivant), principales sources d'énergie des industries.

Du kw/h à l'euro


Pour exprimer, un watt en watt/heure, il suffit de multiplier la puissance par le temps.
Ainsi un moteur de 300Watt va consommer 300Watt pendant 1 H (de fonctionnement)

Partant de l'objectif qu'en tant que patron d'usine, chef d'atelier, responsable maintenance, directeur financier...,, vous souhaitez connaitre la coût en énergie d'une "entité" (machine, usine...), voici des exemples de calcul de kw/h.

Electricité:


Il faut multiplier 3 facteurs. 

Facteur 1  : la puissance en kw, que l'on trouvera sur les notices techniques des machines techniques ou équipement.
Sur une ligne de fabrication, il faudra la "découper" en autant de moteurs.

Facteur2: temps de fonctionnement / période donnée en H

Facteur2: coût de KW/H ou MW/H

Exemple (simplifié) : 

Un atelier dispose de 40 néons qu'il utilise 8h par jour au printemps et en été, et 16h par jour l'automne et l'hiver.
La société travaille en 3x8 toute l'année, s'arrête le week-end + 1 semaine à Noël + 4 semaines l'été
Les néons ont une puissance de 100Watt. 
Le prix de l'électricité est de 150€/MW/H (si possible ou significatif, distinguer, dans les faits,  heures creuses et heures pleines) 
Quelle est la consommation annuelle et le coût d'électricité?

Nombre de jours de production (spécifiques à l'entreprise):

Hiver : 6 mois => 6 x 20 jours / mois - 5 jours d'arrêt à Noël  = 115 jours
Ete : 6 mois => 6 x 20 jours / mois - 20 jours d'arrêt l'été = 100 jours

Nombre d'heures de consommations d'électricité (des néons)

Hiver: 115 x 16
Ete: 100 x 8
Total: 2640h

Quantité d'électricité consommée par an

Heures consommations x puissance en watt = 2640h x 90Watt = 237600 Watt/H

Conversion watt/H and MW/H

1 watt/H = 1/1000 MW/H
237600 Watt/H = 237.6 MW/H

Coût éléctrique / an :

237.6 MW/H x 150€ ( € / MW/H) = 36 k€

Gaz


Arrêtons nous désormais sur la source d'énergie constituée par le gaz.
Notons déjà que le gaz peut prendre 3 formes.

1. Gaz naturel


Le gaz naturel provient, comme son nom l'indique, de matières naturelles constituées majoritairement de méthane, enfouies en sous-sols et distribuées, sans transformations significatives, via un système de canalisation. Cette provenance est ultra-majoritaire dans le monde et est le fruit de la rupture géopolitique entre la Russie et les pays pro-ukrainiens

2. Gaz de Pétrole liquéfié


Dis "GPL" ou également connu en France, sous le nom de gaz propane ou butane, c'est un gaz "chimique", produit donc, à partir de pétrole. Les lieux de transformations sont internationaux et en grande partie en Europe. Avant la crise ukrainienne, cette source de gaz était bien plus coûteuse que la gaz naturel. Depuis, les enjeux ont fortement changé, tant en terme de prix qu'en terme de stratégie d'approvisionnement jusqu'aux risques paroxysmiques de "blackout".

3. Le  Bio-gaz


Le biogaz, appelé également biométhane, a le double d'avantage d'être issu de matières recyclées (déchets agroalimentaires) et de pouvoir être distribués via des pipelines tels que ceux servant à la circulation du gaz naturel. L'inconvénient pour les industries l'utilisant est une efficacité souvent en deçà des sources de gaz fossiles.

Consommation de gaz et kw/h

Il y a beaucoup d'unités pour mesure le gaz (l, T, m3).

Voyons comment en convertir certaines d'entre elles en kw/h.

Propane:

1kg = 13.835 kw/h

Gaz naturel:

* gaz B (forte teneur en azote / provenance pays bas) distribuant principalement Haut de France et une partie de la Normandie: 1m3 = 9.2 à 10.1 kw/h 
* gaz H (faible teneur en azote / provenance Mer du nord, Russie et Algérie) distribuant la majeur partie du territoire français: 1m3 = 10.3 à 12.4 kw/h

Du kw/h à l'euro

Même principe que l'exemple de calcul de coût d'électricité ci-dessus. On multipliera la durée de marche d'un appareil, d'une chaudière par sa puissance en kw, après avoir convertir les unités de mesure de gaz (telle que ci-dessous).

En ce qui concerne le chauffage, les données pourront remonter tous les mois via la facturation ou en temps réel en installant un capteur (cf. parties suivantes).

Comment connaitre les consommations d'énergie de façon automatique et en temps réel?


L'enjeu de l'énergie mis en lumière par la guerre en Ukraine, en sus de la nécessité de s'affranchir des énergies fossiles qui n'est plus à prouver, oblige les entreprises, du secteur industriel en particulier, à trouver des gisements (ah, ah, ah!)... d'économie d'énergie.
Pour ce faire, je vous propose cette stratégie suivante (rien de bien révolutionnaire comme toutes les méthodes qui marchent, que du bon sens) :

1. Brainstorming sur les potentiels de diminution des consommations d'énergie


1.1 - tour d'usine avec le responsable maintenance


Je préconise, selon les organisations d'entreprise, que l'acheteur, le responsable de l'amélioration continue, le responsable des opérations,  le chef d'équipe, le contrôleur de gestion... fasse un tour d'usine avec le responsable de maintenance (+ travaux neufs) pour faire une 1ère revue des:

* process fortement consommateurs;
* leviers d'améliorations;
* ponts thermiques;
* équipement (au sens large) de chauffage en panne

1.2 - Création d'une équipe projets


Fort des 1ères pistes d'optimisation de consommations d'énergie décelées, mettre en place une équipe "énergie" pour animation d'un plan d'actions dans ce sens. 


2. Audit énergétique


Il est indispensable, et même obligatoire depuis 2015 selon la taille de l'entreprise de procéder à un audit énergétique, cf. *.gouv.
Cette étape est le véritable point d'encrage du plan d'actions de réductions des consommations et dépenses énergétiques.
Il est indispensable de trouver le bon partenaire.
Voici quelques conseils.

Critères pour choisir le conseiller en charge de l'audit énergétique:


  • Nombre de jours de présence sur site
Si il est réduit, cela signifie que "l'auditeur" cherchera à être le plus productif possible au détriment de l'apport de véritables solutions collant aux besoins de son clients. 
Exemple : faire une analyse à partir des consommations minutes d'électricité dont dispose son client via le fournisseur d'électricité. 
Cette étape éclaire certes sur certaines données macro, mais reste très superficielle.

  • Durée d'analyse des points de contrôles
Le conseiller à l'issue de la visite du site avec le responsable maintenance (et travaux neufs), posera différents capteurs aux endroits susceptibles d'être le plus énergivore. La plage de temps de remontée d'informations doit être suffisamment importante pour être significative

  • Rapport d'audit
Exigez un rapport d'audit opérationnel. A sa lecture, le technicien en charge de mettre en place les actions préconisées doit comprendre les enjeux, les leviers et les améliorations à apporter. Evidemment, les gains attendus devront également être indiqués, projet par projet, et détaillés.

  • Mode de rémunération
Une rémunération selon les résultats pourrait être tentante, mais du fait d'une échelle de temps importante et des nombreux aléas entre la détection d'un potentiel et la réalisation d'économies, le fournisseur, à juste titre, valorisera fortement le risque dans son offre et le coût (même variable) s'en verra gonfler d'autant. Il faudra donc appréhender la part variable avec des pincettes

  • Mode de règlement de la facture
Encore plus qu'une livraison de matériel où une partie de la facture sera à régler à compter de la mise en conformité de la réception, un % significatif du montant de la facture sera dû après la présentation, en "présentiel" du rapport d'audit. 

ISO 50001


A savoir que l'Etat peut s'appuyer sur une certification ISO 50001, dans la mesure où elle est mise à jour.
Sur ce sujet, penser à intégrer, suite à retour d'expérience, la contre-productivité administrative générée par la norme iso en général, et 50001 en particulier, si vous voulez vous lancer dans ces démarches normatives.

3. Capteurs de suivi des consommations


A l'heure de l'électricité chère où, précisons le encore, l'effet exponentiel issu de la situation géopolitique n'est qu'un accélérateur d'une tendance immuable, la consommation d'énergie se situe  désormais sur le podium du coût des matières premières.
Son suivi est en train de devenir donc aussi vital qu'un composant de produit fini. Il faut donc adapter les différents outils de gestion dans ce sens (GPAO, ERP cf II-Le SI au service du contrôle de gestion), ainsi qu'en aval du processus, les contrats commerciaux qui doivent/peuvent  en répercuter les plus fortes variations.
Les équipement industriels pour la plupart d'entre eux ne sont pas équipés de capteurs permettant de mesurer lors des différentes étapes de production la consommation d'énergie en temps réel. Et même combat pour le chauffage.

L'enjeu consiste, après les étapes 1. et 2. à s'équiper de capteurs sur les zones répondant aux deux critères suivants:
  • zone énergivore;
  • levier d'amélioration existant.
L'iso 50001 mentionne l'obligation de suivre 80% de la consommation. Je préconise cette orientation "pareto" pour optimiser efforts financiers (investissements) et humains.

La stratégie prix:

Pour signer un contrat d'électricité ou de gaz, vous pouvez signer en direct  ou passer par un courtier.

Les courtiers en énergie, sont pour un certain nombre, des intermédiaires soufflant sur les braises de la flambée des prix et son corolaire la panique (semblant avérée en l'occurrence).
Attention donc à leurs conseils. Ils conseilleront globalement d'acheter quand c'est la bonne période pour eux, pas forcément pour les entrepreneurs.

Avantages de faire appel aux courtiers en énergie:


  • aide aux appels d'offre
L'appel d'offre (3 devis) si elle est une étape du contrôle interne (cf. III - Le contrôle interne) indispensable, n'en est pas moins fastidieuse. C'est bien connu, toutes les réductions de charges administratives auprès des managers, ou qui plus est du DG, sont les bienvenues.

  • Marché complexe
Un bon courtier va bien identifier besoins de l'entreprise et offre du marché pour répondre, notamment, aux problématiques suivantes:

    • comment l'énergie sera distribuée?
    • comment l'énergie sera stockée?
    • poids des taxes
    • savoir distinguer prix marché et "talon" (marge)
    • prix "spot" (marché), prix à terme (dont "swapps")
    • prix fixes, variables, semi-variables
    • durée du contrat
    • option Arhen (source énergie nucléaire) : pour en savoir plus...
    • part d'énregie renouvelable
  • Rôle des acheteurs
L'achat est une fonction de la supply chain à part entière et le rôle de négociateur d'un acheteur spécialisé sera plus efficace que celui d'un "quidam". De même, si le courtier est sérieux, il ne travaillera qu'avec des fournisseurs qualifiés, via normes et autres retours d'expérience.

Inconvénients à faire appel aux courtiers en énergie:


  • Partage de marge
Enfonçant des portes ouvertes, plus il y a d'intermédiaires plus le prix final est élevé, chacun devant intégrer une marge dans son résultat pour perdurer. 

  • Opacité
Dans la plupart du temps, le courtier se rémunèrera via une commission, intégré aux prix de vente, versée par le fournisseur, sans que l'acheteur final connaisse cette part.
En règle générale, je préconise de rémunérer les courtiers via des  montants fixes (du genre forfait) qui ont le mérite d'être transparents car versé par l'acheteur, lui-même. De plus, cela garantit une meilleure objectivité du choix du fournisseur d'énergie via des critères pro-acheteurs.
  • Prix marché
On le voit clairement depuis la guerre en Ukraine. L'économie mondiale, à part quelques situations singulières, est touchée par la hausse des prix de l'énergie. Bien-sûr, les gouvernements ont un levier incitatif ou décourageant, via les fameuses armes de subventions et d'impôts, mais les organismes de régulation visant à empêcher la non moins célèbre concurrence déloyale (en premier lieu la commission européenne et l'OMC) veillent au grain. 
En conséquence, l'entreprise d'un pays, dans la plupart des cas, n'a pas le choix d'acheter l'énergie au cours du marché, plus exactement de "son" marché. En France et pour bon nombre de pays européens, le cours est obtenu via les supports EPEX spots et Nord Pool spots.
Le prix du marché représentant 80 à 90% du montant de la facture, où est la véritable marge de manœuvre du courtier? donc, où est le véritable avantage financier que pourra tirer l'entreprise faisant appel au courtier? 

Conclusion


La rareté et,  par conséquent le prix, des sources d'énergie, renforcé par la complexité des modes d'approvisionnement (cf. les "crises" mondiales successives) doivent nous faire penser à l'adage suivant : l'énergie la plus verte est celle que l'on ne consomme pas. A bon entendeur... et à vos mesure.






 





  

   






 
 




 



 

vendredi 30 avril 2021

 expertise-comptable

Newsletter juridique et sociale du 26/11/2020 du cabinet comptable FCN

Sélection de la semaine :  Exiger des devis signés!

Comme evoqué lors d'un article consacré au sujet, la qualité est en enjeu preponderant pour chaque entreprise. Au delà des normes et certificat qui est en gage, pour ne pas dire un prerequis, d'expertise et de professionnalisme pour le client qui l'exige, abordons le thème sur l'angle du risque dont doit s'affranchir si ce n'est totalement, "le risque 0 n'existant pas", du moins en mettant les jalons adaptés et par la remise en question des procédures et contrôles, en fonction des problèmes rencontrés et mieux, de la veille exercée. Vous pourrez également vous tourner vers le chapitre sur le contrôle interne pour en savoir plus sur ce modèle. 

Ce qui traduit 
 

lundi 18 mai 2020

Le Reporting

Le reporting

Nous avons d’abord défini le contrôle de gestion pour se familiariser avec cette notion et voir toutes ses interférences dans l’entreprise.

Ensuite, priorité des priorités, il a fallu  expliquer en quoi le système d’informations devant conduire en particulier à la fiabilité des données financières, était primordial, renforcé par la force et la rigueur du contrôle interne. Nous avons abordé dans le chapitre précédent la matière première du contrôleur, soit la comptabilité générale et analytique. Voyons désormais, d’une certaine manière, le produit fini du contrôleur de gestion, c’est-à-dire son canal de distribution : le Reporting.


Schéma reporting formation

1. Définition générale

Le reporting est le format de données financières (intégrant bilan et compte de résultat), combinées à d’autres indicateurs non financiers (volumes d’expéditions…), pour une période donnée, dans une norme exigée par un Groupe (IFRS, USGAAP, FRGAAP…), relatives à une dimension d’activité définie (établissement, entité légale, filiale…), transmis via un logiciel dédié (Oracle, Cognos, Business Object…).

Cette définition servira de trame à ce chapitre.

2. Données financières

On entend par données financières, les données comptables qui transitent au Groupe, via le Reporting : le bilan (Balance sheet) et le compte de résultats (Profit and Loss) en norme Groupe. Pour ce faire, on établit un arrêté mensuels, obéissant aux mêmes principes comptables qu’un arrêté annuel.

Ecritures d’inventaires

Toutes les écritures d’inventaire  doivent être passées mensuellement, en particulier :

·         Les provisions pour risques ;
·         Les provisions d’exploitation ;
·         Les amortissements ;
·         Les dépréciations de stocks ;
·         Les charges constatées d’avance ;
·         Les factures à établir ;
Contrôles des données à fort risque de sous ou surévaluation :
·         Cycle achat (notamment stock en transit)
·         Chiffre d’affaires (notion de « revenue recognition »)
·         Valorisation du stock (inventaire tournant, pump)

Le contrôle interne viendra épauler les contrôleurs et comptables en archivant de façon permanente un justificatif des flux ou pièces comptables.

Principes comptables

Comme évoqué, précédemment, le prérequis du reporting est un arrêté mensuel, à modérer selon les périodes de reportant, voire partie suivante, obéissant aux mêmes règles d’arrêté comptable. Cela suppose donc, en sus des écritures propres à une clôture comptable classique, l’application des principes comptables (cf….). Arrêtons, nous en particulier sur deux d’entre eux : le principe d’intangibilité du bilan d’ouverture et le principe d’indépendance des exercices.

Le principe d’intangibilité du bilan d’ouverture

Le reporting doit être transmis dans un délais imparti. Une fois ce délai passé, la division consolidatrice dont est rattaché le contrôleur (à qui il reporte donc) fige les données et le contrôleur ne peut plus revenir en arrière. Evidemment, il y a toujours une marge de manœuvre entre le délai de reporting de l’entité non consolidée et celui de celle qui consolide (Région, Segment, Division, Branche…). Donc, en cas d’erreur grossière nuisant à « l’image fidèle », des corrections peuvent être intégrées. Attention, pour finir sur ce point, il est fort probable que le Groupe ait déjà travaillé sur les chiffres, voire qu’il les ait communiqués à une instance supérieure. Il faudra donc absolument éviter ces aller-retours. Il en va de la crédibilité du contrôleur. Légalement, cela pourra même être considéré comme une faute selon les enjeux ou la fréquence.

C’est ainsi qu’on ne peut jamais corriger une période passée (après le délais « technique » vu précédemment). Exemple, nous somme au mois de février, les résultats d’un jugement concluent au versement d’une somme dont l’entreprise est redevable, pour un montant différent de la provision passée en comptabilité au mois de Décembre, date de clôture de l’exercice. Dans ce cas, alors que pour les comptes « dits sociaux », annuels, il faudra changer modifier les comptes dans le bilan N-1, tant que n’a pas eu lieu la décision d’approbation des comptes, pour le reporting mensuel, il n’en sera rien. Il en sera tenu qu’à la période correspondant à la date de la publication du jugement, soit en février.

A ce sujet, par le principe de transparence entre contrôleur de gestion d’une filiale et entité de consolidation, il faudra reporter les évènements significatifs (dont un jugement fait partie) quasiment en temps réel, car le Groupe doit également remonter ces informations significatives.

Dans le cas d’un reporting annuel, ce sera différent :  les mêmes règles que celui des comptes « french gaap » (norme française) s’appliqueront, mais le contrôleur de l’entité non consolidée ne pourra toujours pas modifier le reporting d’une période passée. Ce sera une procédure et un droit exceptionnels attribués au Groupe, que les personnes diligentées exerceront quand les informations remonteront de la filiale.

Le principe d’indépendance des exercices

« Seuls les bénéfices réalisés à la date de clôture d'un exercice peuvent être inscrits dans les comptes » mensuels. 

Ceci parait évident pour les contrôleurs de gestion, ce qui est loin d’être le cas pour les acteurs de l’entreprise. Le « Just in time » financier est la ligne directrice du reporting.

Exemple d’erreurs que l’on voit souvent à cause du manque de sensibilité des collègues à l’indépendance des exercices, et en l’occurrences des périodes.

  • Correction de prix vente (pour une expédition antérieure)
  • Correction de prix d’achats (pour une livraison antérieure impactant valeur de la livraison et PUMP
  • Avoir client pour un litige ancien non provisionné
  • Facturation décalée par rapport à la livraison

Les ERP ont permis d’éviter ce phénomène, mais cela arrive encore (car des blocages de facturation sont toujours possibles), et les conséquences sur le résultat peuvent être très importantes ; c’est un des principaux contrôles (pour ne pas dire le principal) que doit faire le contrôleur de gestion : s’assurer que toutes les sorties du stock de produits finis sont bien facturées.

  • Prestations non provisionnées
  • Par absence de BL, de réceptions de travaux ou simplement de communication (honoraires…)

Le contrôleur de gestion devra effectivement communiquer, expliquer, vulgariser (Cf. "J" comme jargon financier) auprès de ses collègues, les effets de ces manquements. 

3. Indicateurs non financiers

Pour cette partie, je vous invite à lire mon article sur le tableau de bord, où je présente nombre d’indicateurs non financiers.

Disons simplement que l’on va retrouver les indicateurs métiers qui permettent de mettre en adéquation chiffres d’affaires, coûts, résultat… avec les ressources et emplois de l’entreprise, tels que les volumes de ventes et de production, permettant, par exemple, de ressortir un chiffre d’affaires par unité de ventes ou un coût fixe par unité de production.

4. La période

Pour ce qui concerne les données financières réelles, la période sera toujours mensuelle. Par contre, selon que l’on soit, dans l’année, à la fin d’un trimestre, semestre, année, les données à remonter seront différentes, en particulier pour deux raisons : la communication aux actionnaires, l’arrêté de comptes des holdings.

Communication aux actionnaires

La communication d’une société cotée envers actionnaires et média oblige, dans le cadre de « l’information réglementée » à présenter un rapport financier semestriel et annuel. Il en découle l’obligation de fournir des données complémentaires, sous l’égide de règles commerciales, fiscales, juridiques et comptables du pays où les comptes consolidés sont publiés. Qui dit règles Groupes dit règles pour toutes les filiales.

L’arrêté des comptes des holdings

De même qu’une société française devra déposer ses comptes, avec un certain formalisme, la société consolidée communément appelé holding ou maison-mère (cf définition), aura également des obligations de présentation des données annexes au bilan, telles que justement l’annexe, incluant les engagements hors bilan, le rapport du dirigeant sur le contrôle interne…

A ce titre, les filiales devront donc transmettre ces informations de façon semestrielle. Il en sera tenu compte, évidemment, quant au délais de transmission du reporting semestriel, qui sera rallongé par rapport au délai du reporting mesuel.

5. Normes de comptabilisation

Il existe deux grands type de normes : les normes locales, appelées « local GAAP », régies par le « PCG » (Plan Comptable Général) et les normes internationales « IFRS ».

Local GAAP

La norme dite « local GAAP » obéit simplement à la réglementation du pays concerné dont l’entreprise est régie. On parlera, en français dans le texte, de comptes sociaux. Elles regroupent Trois grandes catégories :

·         Le plan comptable ;

·         Les principes comptables ;

·         Les états financiers.

Cf. Chapitre Comptabilité générale contre comptabilité analytique

Il est donc évident que le service comptable devra se plier, au minimum, à cette réglementation, permettant aux organes de contrôle de l’Administration fiscale et sociale et d’en faire l’analyse et de procéder à des contrôles sur site, en cas de manquement et/ou d’anomalie.

IFRS

L’IFRS est une norme de comptabilisation internationale, certes, mais comment vit-elle ? Rien n’étant plus mouvant que le monde financier, il faut bien un organe qui supervise cette réglementation. Il s’agit de l’IASB.

Rôle et moyens de l’IASB

« L’International Accounting Standards Board est un normalisateur comptable indépendant financé de manière privée et basé à Londres. Les membres du Board viennent de neuf pays et ont une grande variété d’expériences. Le but de l’IASB est de développer, dans l’intérêt public, un ensemble unique de normes comptables de haute qualité, compréhensibles et applicables, réclamant une information transparente et comparable dans les états financiers généraux. L’IASB coopère avec les normalisateurs comptables nationaux pour parvenir à une convergence mondiale des normes comptables »

Source : « Missions statement », IASB, July 2005

Pourquoi des normes IFRS ?

L’existence de normes de comptabilisation internationales communes répond à l’internalisation des fusions acquisitions élaborées sur le terrain de jeux que l’on ne présente plus : la bourse. A ce titre, sans mauvais jeu de mot, ces normes ont deux principales vertus :

        La valorisation d’une entreprise

Il est évident que pour pouvoir analyser la performance d’une entreprise et la valeur de ses actifs, il est indispensable de pouvoir s’assoir sur des règles de valorisation tangibles et connues, de manière à éviter des bilans quelque peu déguisés pour rendre plus belle la mariée « Windows Dressing »).

        La conformité aux règles de l’OMC

Une entreprise cotée en bourse ne pourra pas s’abstraire du règlement de l’Organisation Mondiale du Commerce concernant les pratiques anti-concurrentielles, sa conformité à la législation locale et internationale, etc.

Les principales différences entre les normes IFRS et les normes françaises.

Il existe quelques différences, souvent à la marge, mais que l’on doit tout de même prendre en compte lorsque l’on passe d’une comptabilité française à une comptabilité IFRS et l’inverse.

        Sur quels domaines portent les différences « french gaap » et IFRS ?

Attardons-nous sur quelques-unes de ces particularités, car si les règles sont censées être pratiquées d’office selon le Groupe, ce ne sera pas du tout le cas, au niveau des filiales si celles-ci se bornent à comptabiliser selon les règles françaises. Les différences sont couvertes selon les domaines suivants :

·         Principes et généralités
·         Valorisation et situation financière
·         Résultat net
·         Sujets spécifiques
·         Instruments financiers

                Les principes comptables

Les principes comptables du PCG et IFRS convergent globalement. Néanmoins, quelques différences existent, pouvant avoir un impact conséquent sur les comptes IFRS par rapport aux normes françaises :

Le principe de neutralité (IFRS)

L’IFRS prône le « principe de prudence et de neutralité » quand le PCG ne connait que les principes de prudence. Cela se traduit, par exemple pour une provision pour risque, par nature aléatoire, qui aurait 3 justificatifs de provision :

·         l’un émanant d’une tierce partie à l’origine de la réclamation,

·         l’autre de l’avocat,

·         la troisième d’une étude comparative,

On retiendrait, via le principe de prudence, le montant le plus important, alors que le choix se ferait sur l’étude comparative quant au principe de neutralité. Ce choix ne sera jamais automatique et fera l’objet de discussions, voire de négociations, entre les intéressés : l’entité de base, celle qui consolide, les commissaires aux comptes, l’administration fiscale.

                La juste valeur (IFRS 13)

La juste valeur s’oppose au principe français de nominalisme selon lequel toutes les transactions doivent être comptabilisées au coût historique. On retiendra notamment le principe de valeur de marché, dans les comptes IFRS pour des transactions conclues à des conditions anormales (telle qu’une forte marge dont l’origine est une situation dominante du marché). Ce principe peut néanmoins être contesté par les acteurs économiques, car il a tendance à neutraliser (cf. d’ailleurs le principe qui porte ce nom) les spécificités et ségrégations économiques et stratégiques des sociétés. 

                Situation financière

Ce pavé regroupe un grand nombre de divergences comptables entre comptabilisation française et IFRS ; citons le plan comptable, les immobilisations corporelles, les immobilisation incorporelles et les impôts différés

Le plan comptable

Voilà qui effraye le plus les comptables lorsqu’ils passent à une comptabilité IFRS (l’lorsque la situation de l’entreprise l’exige) : l’IFRS n’exige aucun plan de comptes défini et hiérarchisé. Le plan comptable IFRS est systématiquement différent au plan comptable française, donc les comptables devront pratiquer « une autre langue ». Ils comptabiliseront via des comptes IFRS et lorsqu’ils consulteront une pièce ou un état, ils pourront indiquer soit un compte IFRS, soit un compte français (car le paramétrage de la comptabilité exigera que les deux comptes soient systématiquement indiqués).  

Mais, cela ne sera pas sans incidences sur la production des comptes du reporting et sur le passage de comptabilisation sociale à IFRS, et vice-versa.

Les immobilisations corporelles

La comptabilisation des actifs, selon l’IFRS 13 et 15, devra être dépréciée du coût de financement si le règlement est différé selon des conditions non standards. 

De même, toujours via l’évaluation à la juste valeur, les biens les plus significatifs, en particulier les immeubles, devront être valorisés selon un prix de marché.

Les immobilisations incorporelles (« Goodwill »)

La valeur du fonds commercial, en comptabilité française, sera souvent définie selon la valeur du coût historique retenu donc lors de l’achat de ce fonds ou d’une opération de fusion acquisition. Souvent l’approche sera dichotomique. Ou le bien a encore une valeur et on restera sur le cadencement de dépréciation fiscale, ou dans le cas contraire, on dépréciera la valeur intégralement. Enfin, le choix d’amortissement peut revêtir un intérêt fiscal, uniquement.

Selon les IFRS 3 et 13, un test de dépréciation (dit « impairment ») doit être effectué chaque année, afin d’évaluer la valeur du fonds (via une liste de clients, l’intérêt géographique...) et de déprécier l’actif en conséquence.    

Les impôts différés

L’impôts différé correspondant à l’impôt sur les sociétés à payer ou à recevoir (via les reports de déficits ou crédit d’impôts) l’année ou les années qui suivent l’exercice. Si la définition est simpliste, la détermination est complexe car il faut prendre en compte le risque de faillite de l’entreprise, le business plan, bâtir les tableaux de passages périlleux entre résultats comptables, IFRS et fiscaux en distinguant les déductions et réintégrations temporaires et permanentes.

                 Résultat net

Intéressons-nous dans cette partie à deux divergences dans l’appréciation et la formalisation du résultat : la présentation du compte de résultats et les avantages du personnel à long-terme.

La présentation du compte de résultats

Alors que le PCG est conceptualisé selon une logique d’imputation par nature (cf.), le compte de résultat en normes ifrs est organisé selon une approche de présentation des comptes par nature et/ou par fonction. La plupart des groupes qui présentent leurs comptes en norme ifrs présentent les deux formats, en détaillant davantage les comptes par nature. En effet, nous avions justifié ces notions d’IFRS par l’intérêt de pouvoir analyser les comptes de toutes entreprise internationale. Il parait peu envisageable qu’un groupe ne présente pas un minimum de détails, par exemple, sur ses achats et ses frais fixes. C’est de surcroît une attente des actionnaires.   

Les avantages du personnel à long-terme

On entend par avantage du personnel à long-terme, les versements futurs dus au salariés, avant de quitter l’entreprise ou lorsqu’ils quitteront l’entreprise. Dans la pratique, il s’agit des médailles de travail et des provision d’indemnité de départs à la retraite, dites « IDR » ou « PIDR ».

Ces provisions, comptabilisées en provisions pour risques et charges, sont une option de comptabilisation en norme française. Dans le cas contraire, les montants devront obligatoirement apparaitre en annexe.

Le calcul de ces provisions sera mis à jour, à chaque exercice, en fonction de la masse salariale et des variables telle que le turnover, le pourcentage d’augmentation, le taux d’inflation…

Pour finir, en France, les entreprises ont la possibilité de placer le montant du passif social à un fonds dont le gestionnaire se chargera en même temps de la valorisation annelle du « passif social », en reversant à l’entreprise, au moment du départ effectif en retraite, la somme correspondante inscrite au bilan. L’avantage est fiscal (la dette externe étant déductible, contrairement à la provision), l’inconvénient (le GROS inconvénient) est qu’il est impossible de rapatrier les fonds, à part au compte-gouttes, soit à chaque départ en retraite des salariés.

                Sujet spécifique

Le contrat de location :

Selon la « matérialité » du montant et la durée du contrat (généralement > à un an), la location d’un bien doit se traiter en IFRS comme un bien dont le bailleur en aurait la pleine propriété. En faisant ressortir :

·         La valeur du bien (immobilisation)
·         L’amortissement annuel
·         L’emprunt ;
·         Les intérêts ;

Qui reportent et vers qui reporte-ton ?

Représentation graphique

Exemple de flux de reporting


organigramme de reporting formation

L’entité A1, la plus basse dans l’échelle des entités reportent au segment A qui reporte lui-même à la Division A+B ;

Attention, les liens A123/A/A+B et B123/B/A+B ne répondent pas forcément, voire rarement, à une logique de propriété (parts sociales) entres les différentes entités, mais plutôt à un esprit de responsabilité.

Dans l’exemple, l’entité A regroupe un comité de Direction qui est responsable géographiquement du territoire dont font partie les entités A123. Mais il pourrait s’agir d’un découpage par marché ou Division. Dans ce cas la scission se ferait au plus haut niveau, à la tête des entités. Dans l’exemple, Nous aurions à la tête des divisions, les entités A+B et C+E.     

Avec quel logiciel peut-on faire un reporting ?

Dernier élément du reporting à évoquer : l’outil.

Le process d’élaboration

Généralement, le process s’effectue selon les étapes suivantes :

1.    Système de comptabilité quotidienne

Il s’agit du logiciel de comptabilité, ERP ou simple logiciel de comptabilité pur, où la comptabilité est traitée dans son ensemble. Selon le niveau d’élaboration du logiciel, on retrouvera :

·         Facturation clients,
·         Facturation fournisseurs,
·         Devis
·         Bon de commandes
·         Commande d’achats
·         Gestion des bon de livraisons
·         Gestion du stock
·         Déclarations de taxes (TVA…)
·         Cash
·         Opérations diverses
·        

2.    Interface du reporting

L’étape suivante consiste à condenser les éléments issus de la comptabilité et/ou issus de l’ERP (à des fins d’import de données statistiques) pour en faire un fichier modélisé en norme du reporting

3.    Logiciel de reporting

Lors de la dernière étape, la personne en charge du reporting va télécharger le fichier modélisé, à partir du logiciel de reporting (import), le contrôler, ajouter des informations manuellement si nécessaires et le transmettre (export) via le logiciel de reporting vers un espace dont les contrôleurs de gestion de l’entité consolidant, auront accès.

Les principaux logiciels de reporting.   

Logiciels traditionnels

Dans les logiciels traditionnels, dont le flux d’élaboration du reporting est décrit ci-dessus, on retrouvera dans les trio de tête Oracle, Cognos ; Business Object (SAP).

Logiciels récents

Un certain nombre de logiciels, moins puissants (au niveau du volume de data), mais plus simple et donc davantage orientés  PME voire TPE : Pentaho, Emasphere, My Report.

Quel est le coût d’un logiciel de reporting ?

Les prix varient en particulier selon les besoins, la data…

Ci-dessous, un graph présentant une enveloppe budgétaire complète, hors « hardware » évidemment, incluant la maintenance, pour 25 utilisateurs.

prix logiciel reporting SI


Source : https://stph.scenari-community.org/contribs

Conclusion

Le Reporting est vraiment un pilier entier, parmi le socle des tâches comptables, lorsque l’entité fait partie d’un Groupe. Il est énergivore. En moyenne, il représente minimum 25% du travail du DAF, et parfois plus du temps que le chef-comptable y consacre. Le challenge est de pouvoir y passer le moins de temps possible, car il n’y a pas de réelle valeur à retranscrire des comptes locaux en comptes Groupe, et en même temps, avec l’objectif qui est ni plus ni moins qu’un prérequis pour le contrôleur de gestion : la fiabilité des données transmises.

Bibliographie

Je remercie l'ANC (Autorité des Normes Comptables) et KPMG pour les sources dont je me suis inspirées. Je mets à disposition ces documents qui permettent d'avoir une vue plus exhaustive sur les grandes dates de la construction des la norme IFRS et sur ces différences avec la comptabilité française.

Historique IFRS

Différences entre normes IFRS et françaises