Les critères de mesure de performance
Pour mesurer la performance d’une
entreprise, parfois sous un angle accusateur par ses détracteurs quand ces
derniers ont l’impression d’être lésés, les faits sont souvent déformés et les
termes inappropriés. Intéressons-nous, ici, à la syntaxe. Rentabilité,
Productivité, Profitabilité, Compétitivité, sont les principales terminologies
associées à la mesure d’une entreprise ou d’une activité. Voyons ce qui
différencie ces définitions
1. Rentabilité
Définition
C’est une notion qui combine cash et
résultat
La rentabilité est le rapport entre le
profit d’une société et l’argent mobilisé pour le générer. Ce ratio est un
standard et le plus rependu pour mesurer une entreprise, un secteur d’activité,
un investissement, etc. L’actionnaire pourra ainsi se projeter en imaginant
qu’avec 100 de capital, l’entreprise pourra générer 10 de profit (attention, à ne pas confondre avec 10 de dividende).
Ce ratio est donc privilégié car il
combine résultat (performance) et bilan (ressources). Pour l’améliorer, il
faudra donc « jouer » sur le résultat (à la hausse), mais également
surveiller son besoin en cash, c’est-à-dire limiter ou diminuer son endettement
et/ou éviter les augmentations de capital sans projet capitalistique qui le
nécessite (investissement, croissance externe…)
Formule
On distingue la rentabilité économique
et la rentabilité financière.
La rentabilité économique, plus complète, car elle intègre les ressources
structurelles (capitaux propres et endettement financier) :
Rentabilité économique = (résultat d'exploitation -
impôts sur les bénéfices) / (capitaux propres + dette financière)
La rentabilité financière tient compte de l’endettement au niveau du résultat
(charges financières), mais non au niveau du bilan :
Rentabilité financière = (résultat
d'exploitation - impôts sur les bénéfices -
intérêts versés aux dettes financières) / capitaux propre
Rapport avec le contrôle de gestion
Ce ratio, dit « ROCE », « Return on
Capital Employed », est réellement la vitrine de l’entreprise vis-à-vis du
Groupe et des actionnaires, qui chercheront à maximiser ce ratio car il combine
le résultat de l’entreprise et sa gestion de cash.
Le contrôleur, exercice classique, mettra donc la
pression sur le résultat en alertant sur les écarts par rapport au
budget, mais aussi, approche plus délicate, devra veiller à la maîtrise voire à
la diminution des capitaux employés que sont les investissement (« capital
expenditure) et le Besoin en Fonds de Roulement (« working capital »).
Quelques conseils d'optimisation:
Quelques conseils d'optimisation:
A. Investissement : privilégier les
retours sur investissements
B. Gestion de stock : flux tendus (stock
sécurité bas, délais de livraison négocié, partage de données avec fournisseurs
stratégiques pour déclenchement des "appro", automatique)
C. Poste clients : interroger la notation
des clients, prévoir une assurance (garantie clients), régler rapidement les
litiges, relancer les clients et les informer avant l’échéance, éviter l’affacturage
(très cher)
D. Poste fournisseurs : décaler de un
jour ouvré les règlements fin de mois (quasi transparents pour les
fournisseurs, mais améliore la photo du bilan)
2. Productivité
Cette notion intègre des éléments non financiers
Définition
La productivité est le rapport entre une production ou
une vente de biens et les ressources utilisées. On la comparera tout le temps,
pour en mesurer la performance, à;
- une période précédente,
- des données standards,
- un budget,
- etc...
A. Il ne demande pas de connaissance ou
d’explications financières ;
B. Il fédère toutes les échelons de
l’entreprise ;
C. Le flux d’informations pour le suivre est
simple et en temps réel (donc l’impact sur le système de prise de décision est quasi immédiat).
Exemples de ratios de productivité :
·
Production de biens d'une entité / effectif total
·
Production de biens d'une entité / effectif ayant
contribué directement à la production
·
Production de biens d'une entité / heures totales
·
Production de biens d'une entité / heures des personnes
ayant contribuées à la production
·
Production de biens d’un secteur / effectif
ayant contribués directement à la production
·
Production de biens d’un secteur / heures
des personnes ayant contribuées à la production
Rapport avec le contrôle de gestion
Le contrôle de gestion suivra régulièrement ces
indicateurs et les déclinera en particulier auprès des personnes de terrain qui
auront les leviers pour les améliorer et pourront, de surcroît, donner des
explications en cas d’écarts.
3. Profitabilité
Cette notion intègre des données issues du résultat
uniquement
Définition
Le taux de profitabilité correspond au résultat en % du
chiffre d’affaires
Exemples:
Tous les types de résultat peuvent être intégrés :
résultat net, résultat d’exploitation, marge….
- Résultat exploitation (Operating result) / CA (Turnover)
Donne une vue du % résultat hors éléments exceptionnels
et financiers
- Excedent Brut d’exploitation (EBITDA) / CA (Turnover)
Donne une vue du % résultat, hors provisions, donc
« liquide » (cash)
- Marge sur achats (Gross Margin) / CA (Turnover)
Ratio vital, permettant de voir le % de frais fixes
restant à absorber pour aboutir à un résultat d’exploitation de
« x ».
Attention bien que communément appelé taux de marge, il s’agit du taux de marque, le taux de marge étant la marge / l’ensemble des achats
Attention bien que communément appelé taux de marge, il s’agit du taux de marque, le taux de marge étant la marge / l’ensemble des achats
Rapport avec le contrôle de gestion
Le fait d’exprimer des sous-totaux (dont SIG) du compte de résultat
en % du chiffre d’affaires permet d’apprécier la performance relative (contrairement
aux €, dits performance absolue).
Le problème est que la variation du chiffre d’affaires
(volume ou prix) peut entrainer une variation du % des achats alors que cette variation de % vient donc uniquement du chiffre d'affaires. D'autant plus problématique que le suivi des achats est primordial dans le contrôle de gestion (dans l'industrie, achats = en moyenne 60% du chiffre d'affaires). Donc, en complément du % du chiffre d’affaires, il faudra également suivre les
coûts et ratio par volume de production et/ou de vente, de façon à sortir ces
effets de variation des prix de ventes.
4. Compétitivité
Cette terminologie combine un ratio de productivité, tel
que le prix de vente moyen (mais déclinable selon les leviers et freins sur des
postes du compte de résultat) , avec celui d’un concurrent, un marché, un
produit, un service…
La compétitivité, notion relative par définition, ne
s’étudiera donc jamais seule.
Définition
La compétitivité (dite « compétitivité prix ») est la capacité d’une entreprise à prendre des parts de marché grâce à un prix
inférieur à ses concurrents. La compétitivité doit s’apprécier sur un niveau de
produits et de service évidemment égale.
Notons qu’un autre concept de compétitivité existe :
« la compétitivité structurelle » qui repose davantage sur des
critères qualitatifs et également applicables à des individus. Cette notion est
prise en compte particulièrement en macro-économie pour comparer les pays entre
eux.
Exemples
Pour comparer les performances entre entités ou entité // marché, on retiendra des critères de différenciation. En effet, le coût des
matières premières d’un bien ne sera pas forcément significatif car les prix
sont souvent liés à un cours mondial
Exemples de ratios :
·
Chiffre d’affaire / volume vendus
·
Coût de personnel / volume produit
·
Valeur ajoutée / volume produit
·
Coût total / volume produit
Rapport avec le contrôle de gestion
La mesure de la compétitivité d’une entreprise est un
indicateur à suivre dans le cadre d’un contrôle de gestion commercial. Car il y a un
lien fort entre coût de revient par rapport aux concurrents et développement des
parts de marché (donc croissance).
De façon ultra classique, la production est "challengée" par la vente pour baisser ses coûts (afin pour le service commercial de réduire
d’autant son prix de vente et d'être compétitif) et la vente par la production
pour rester ferme sur ses prix (cf. concept de négociation).
Le contrôleur de gestion suivra en parallèle donc, le
niveau de part de marché, le nombre de prospects, le chiffre d’affaires lié aux
innovations, etc.
Dans ce contexte, les données doivent être prises par les
acteurs et décideurs avec du recul, car plus on utilise d’informations externes
(via des statistiques officielles, études de marché…), moins la qualité de l’information
est maîtrisée. Or, la maîtrise des informations (cf. chapitre II - Le système d'information au service du contrôle de gestion), est-il utile de le rappeler, doit
être le prérequis du contrôle de gestion
Conclusion :
Pour se souvenir des définitions, on peut penser à cette histoire : un futur entrepreneur a rendez-vous avec un banquier pour
demander un emprunt. Le banquier calculera le rapport entre l'argent emprunté qui constitue l'intégralité du capital et le résultat budgété (ROCE en anglais) afin de vérifier que l'activité est rentable. Comme propriétaire d'un restaurant de pizzas à emporter, il mettra en place des
primes variables aux livreurs, reposant sur le temps de livraison et la qualité de service, afin d’augmenter la productivité : les indicateurs tels que le nombre de pizzas par
livreur et une note sur 5 délivrée par les clients serviront à mesurer la productivité et à calculer les primes. Il étudiera régulièrement, la
profitabilité de son activité à travers le compte de résultats et les « SIG »
en % du chiffre d’affaires. Quand il voudra croître, il fera une
étude de marché, pour voir si son prix de vente, pour des pizzas de son niveau
de qualité vendues par ses concurrents, est suffisamment compétitif pour augmenter ses parts de marché.